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hebdomadaire et nos rapports

Marché Art Africain 2014 - Afrique centrale

En Afrique centrale, le Cameroun et la République démocratique du Congo concentrent à eux seuls les initiatives privées et publiques dans le domaine de l’art.
Au Cameroun, la socio-économiste Marilyn Douala Bell et son défunt mari, l’historien Didier Shaub, ont créé Doual’art en 1991. Organisation à but non lucratif, Doual’art vise à soutenir l’art contemporain au Cameroun, ainsi que la culture et l’identité urbaine de Douala, par le biais d’expositions, d’ateliers et de séminaires. Depuis 2007, Doual’art organise le SUD : Salon Urbain de Douala, une triennale autour de l’art dans l’espace public. D’autres initiatives émanent des artistes. En 2013, Barthélémy Toguo a créé Bandjoun Station, un centre d’arts visuels et un atelier de création situé à Bandjoun, à 200 km au nord de Douala.
La République démocratique du Congo a été le terreau de plusieurs artistes affiliés à l’école de Kinshasa, dont Chéri Samba, Chéri Cherin et Moké. Comme au Cameroun, les principaux artistes de la RDC ont lancé diverses initiatives pour soutenir leurs collègues. En 2008, le photographe Sammy Baloji a lancé la biennale d’art Rencontres Picha et soutient le développement des arts visuels, de la musique et de la littérature au niveau local. Depuis 2012, les Ateliers Sahms, galerie créée par l’artiste Bill Koué-lany à Brazzaville, a proposé des expositions, des séminaires et des ateliers artistiques.

Cameroon

Vue d’ensemble

par Lionel Manga

« Le 11 septembre 2014 à Londres, la galerie Jack Bell a ouvert une exposition de Boris Nzebo, un nom à retenir. Boris Nzebo est le dernier-né de la scène artistique visuelle du Cameroun, patrie de l’insaisissable Pascale Marthine Tayou. Il a présenté sa première exposition solo en 2013, et sa prochaine étape sera Miami. L’espiègle Boris Nzebo a quelques prestigieux prédécesseurs dans son pays : Koko Ko-mégné, Ahanda Jean Marie, Hervé Yamguen, Salifou Lindou, Joseph Francis Sumégné, Joël Mpah Dooh, Justine Gaga, Hako Hanson, Max Lyonga, Hervé Youmbi, Emile Youmbi & Co. Année après année, ce groupe attire l’attention d’un nombre croissant d’acheteurs de diverses régions du monde. En fait, quelques-uns de ces artistes parviennent déjà à vivre de leur art.
Aujourd’hui, le Cameroun compte moins de cinquante collectionneurs connus. Deux lieux sont dédiés aux expositions d’art, loin de l’agitation : la galerie MAM, appartenant à Marème Malong, et Espace Doual’Art. Ils répondent à l’appétit récent pour l’art contemporain, contre vents et marées et avec une énergie pleine de passion. Depuis 2007, le vaillant « mousquetaire » Didier Schaub et sa « dame de cœur », Marylin Douala Bell, ont organisé un festival d’art triennal, le Salon Urbain de Douala. Porté par cet enthousiasme vert-rouge-jaune, Barthélémy Toguo a enraciné dans les Graslands son nouveau centre d’art, le Badjoun Station Badjoun ».

Guinée équatoriale

Interview

Marc Stanes, Musée d’art moderne de Guinée équatoriale

Marc Stanes est le directeur du Musée d’art moderne de Guinée équatoriale. Il est également conservateur et conseille des particuliers, des galeries et des entreprises.
« Actuellement, notre collection compte plus de 100 œuvres. Nous collectionnons de préférence des œuvres provenant de tout le continent ou des artistes extérieur à l’Afrique qui ont un lien historique avec elle. Dans l’ensemble, nous collectionnons des talents jeunes et émergents, sans exclure les pièces historiques ou les artistes plus âgés qui ont une influence directe sur les créateurs d’aujourd’hui. Nous exposons et collectionnons des pièces historiques (souvent des objets sculptés) car elles continuent à jouer un rôle à la fois contemporain et historique dans la formation et les influences des jeunes artistes du continent.
La collection n’ayant que trois ans d’existence, nous ne disposons pas d’un programme d’expositions permanent. Cependant, afin de valoriser la collection, nous exposons dans diverses foires et prêtons à d’autres institutions. Chaque fois que nous avons exposé des parties de la collection, elles ont été accueillies avec un intérêt extraordinaire.
Nous entretenons une forte association avec l’artiste zimbabwéen Richard Mudariki, mais aussi avec Zemba Luzamba de la République démocratique du Congo et Placido Guimaraes de Guinée équatoriale.
Il est important que s’instaure en Afrique un dialogue entre les collections d’entreprise et les institutions publiques. Toutes les collections d’art et les expositions qui s’y rapportent contribueront à promouvoir la culture africaine et sensibiliser le public à l’expression artistique africaine. Notre musée est financé par des entreprises partenaires en vue d’une consommation publique.
À en juger par la sensibilisation internationale des institutions et des collectionneurs à l’expression artistique contemporaine (et historique) du continent africain, et par l’émergence de foires d’art mettant en valeur ce talent, je ne peux qu’entrevoir un avenir culturel positif. On constate déjà un effet de ruissellement car de nombreux jeunes artistes peuvent subvenir à leurs besoins grâce à leur expression et accéder au marché international, qui est en train d’y prêter attention, c’est indubitable ».

« On constate déjà un effet de ruissellement car de nombreux jeunes artistes peuvent subvenir à leurs besoins grâce à leur expression et accéder au marché international, qui est en train d’y prêter attention, c’est indubitable ».
Mark Stanes

Edward Saidi Tingatinga, Life Struggle, 1969 © E. S. Tingatinga

Edward Saidi Tingatinga, Life Struggle, 1969 © E. S. Tingatinga