La spiritualité et les croyances chez le peuple Bantou
Les masques gabonais punu sont emprunts d’une sérénité fascinante relative à l’usage de ces masques blancs surmontés de coiffes aussi élégantes que proéminentes.
Typologie des masques punu
D’une manière assez homogène, les masques punu présentent des caractéristiques stylistiques permettant de les identifier facilement. Leur authentification n’est pas aussi évidente et nécessite d’observer attentivement l’objet, aussi bien dans sa conception que dans les matériaux employés.
L’idéalisation de la morphologie des visages de plusieurs ethnies de la Ngounié (province gabonaise) vient accompagner une utilisation spirituelle, universellement liée au concept de beauté. Le contour du visage s’inscrit dans un oval parfait, s’affinant au niveau du menton. Les traits sont d’une grande délicatesse : les pommettes hautes et saillantes soulignent un regard tranquille aux paupières lourdes sur des yeux étirés en amande – dits en grain de café. Le nez réaliste marque la symétrie parfaite de ce visage à la carnation claire dont la bouche rouge et charnue est souvent fermée, parfois entre-ouverte sur des dents élimées. La signification des scarifications en losange nommées magumbi semble faire référence aux neuf provinces mythiques du royaume de Kongo.
C’est un masque silencieux ou chuchotant dont l’expression apaisée et méditative est celle que l’on aimerait voir aux défunts. Car la couleur du masque ne laisse aucun doute quant à sa signification : ce blanc pembé obtenu grâce à l’argile blanche (kaolin) est la couleur de l’au-delà. André Raponda-Walker et Roger Sillans affirment que le pembé était autrefois mélangé à des « brisures pulvérisées » d’os humains. Ce lien avec les ancêtres, comme une célébration de la vitalité des lignées, peut-être une explication des traits féminins de ces objets et de l’habitude des femmes punu de se couvrir le visage d’argile blanche lors des cérémonies ayant recours à ces masques.
Comme un contraste saisissant, le rouge vif obtenu grâce au bois de padouk peut pourtant griser avec le temps. La coiffe élaborée, noir charbon, est toujours une piste pour se faire une idée de la valeur et du prix d’un masque punu. Notons qu’aujourd’hui, les pigments naturels sont remplacés par de la peinture. Si les masques à coiffure en coque sont les plus nombreux, d’autres plus rares méritent d’être présentés.
Les masques dits à visière sont les plus anciens connus et reconnaissables à leur coiffe en visière projetée vers l’avant du front. Celui présenté au musée d’Oxford fait partie de cette catégorie.
Les masques à poignée sont pourvus d’une prise scellée dans la guimpe entourant le visage sculpté. Elle permet de maintenir le masque devant le visage. Formant un groupe homogène, les masques à poignée sont tous coiffés d’une grosse coque centrale ou de deux coques accolées.
Les masques à cheveux collés sont rares et anciens. Ils sont identifiables à leur coiffe de forme tronconique inversée et flanquée de petites tresses, le tout recouvert de cheveux véritables.
Signification des masques punu
C’est sous le terme mukudji ou mukuyi que sont désignés le masque, la danse ainsi que la cérémonie à l’occasion de laquelle les masques punu sont sortis. Associés aux fêtes de retrait de deuil et plus généralement aux évènements importants marquant le temps d’une communauté, ces masques sont uniquement portés par des hommes perchés pour l’occasion sur de hautes échasses et appartenant tous à la confrérie des mwiri,. Leurs joyeuses déambulations acrobatiques conservent quelques souvenirs de leurs anciennes valeurs initiatiques et de leur rôle de garant du respect des règles sociales, de la propreté des espaces communautaires et jusqu’au comportement moral des habitants.
Masques punu noirs
Bien que les masques punu noir ou brun aient un visage moins harmonieux et plus grossier que les masques blancs, ils sont rares et leur signification doit sans doute être liée au respect des normes sociales et de la morale.
Pour aller plus loin :
Louis Perrois, Charlotte Grand-Dufay, Punu, Collection Visions d’Afrique, Éditions 5 Continents, 2008