hebdomadaire et nos rapports
Introduction: Rapport sur le Marché de l’Art Africain Moderne & Contemporain en 2016
Le segment qui résiste à la crise du marché de l’art
Le marché mondial de l’art moderne et contemporain africain a réalisé une belle performance en 2016, avec un taux de vente de 72 %, malgré le contexte morose du marché de l’art international et en dépit du ralentissement des économies africaines. Ce segment s’est avéré une exception.
Cette vitalité a été impulsée par l’art moderne, avec un taux de concrétisation de 76 % et 55 % en valeur du montant total des ventes, pour atteindre 23,3 millions de dollars US. L’art contemporain, dont la majorité des œuvres acquises sont celles d’artistes se présentant pour la première fois aux enchères, a remporté un taux de vente de 66 %. Les œuvres vendues au-delà de leurs estimations hautes ont représenté 58 % en valeur du nombre total de ventes de l’année, dont 66,9 % pour l’art moderne et 33 % pour l’art contemporain.
1 – Artistes nés entre 1850 et 1939
2 – Artistes nés après 1940
Les enchères dépassant le seuil symbolique de 1 million de dollars ont augmenté de 200 %, dont 50 % pour l’art moderne et 50 % pour l’art contemporain. Parmi les exemples porteurs, la vente, extrêmement médiatisée Bowie/Collector organisée par Sotheby’s à Londres les 10 et 11 novembre 2016, a vu les 17 œuvres d’artistes africains trouver preneur, les œuvres totalisant 341 875 £ (frais acheteur inclus), soit l’équivalent de 425 504 $ US, sept fois supérieure à l’estimation de prévente.
Arthouse Contemporary, la maison de vente nigériane de Lagos, est passée de deux ventes annuelles en 2015 à trois en 2016.
Plusieurs raisons expliquent ces résultats, la première étant le fort potentiel en valeur artistique et marchande des œuvres proposées en galerie et aux enchères. Ensuite, les énormes investissements directs et indirects, tels que les projets et expositions institutionnels, commerciaux et non commerciaux, principalement dans les pays occidentaux, ainsi que les nouvelles initiatives structurelles en Afrique. La base d’acheteurs s’est également élargie. Par ailleurs, les prix de référence se sont récemment consolidés : la fourchette moyenne des estimations des œuvres proposées aux enchères se situait entre 7 140 et 9 650 dollars pour les œuvres modernistes et entre 7 420 et 10 260 dollars pour l’art contemporain. Cela représente une progression de 60 % et 70 % respectivement en sept ans.
Nous assistons aux premiers effets des changements structurels actuellement observés dans nos précédents rapports. Ce marché en est arrivé à la fin d’un long cycle qu’on pourrait qualifier de « rudimentaire » et au début d’une nouvelle modernité. La tendance est à la croissance et son rythme sera défini par la manière dont les acteurs du continent africain s’organiseront en s’impliquant de manière significative et claire dans l’économie et le marché de l’art ; par la façon dont les acteurs des arts classiques africains (statuaires et masques africains) contrôleront leur marché ; et par le savoir-faire de la nouvelle génération d’acteurs impliqués dans ce segment.
Strauss & Co, basée à Johannesburg en Afrique du Sud, est la première maison de vente aux enchères pour le montant total des œuvres vendues, avec 31 % en valeur et 57 % des lots.
Londres a occupé la place la plus prépondérante sur le marché en 2016, si l’on considère le nombre d’opérateurs de notre étude ayant organisé des ventes (40 % du total) ; le nombre de lots proposés (2,9 % du total) et de lots vendus (28,1 %, pour 11,9 millions de dollars US dans l’année) et les expositions institutionnelles et commerciales. Nous verrons ce que cela donnera pendant la période post-Brexit.
Trois facteurs peuvent expliquer l’attrait de la capitale britannique pour l’art moderne et contemporain africain : sa place de numéro un de la finance, son attrait pour les créateurs et les investisseurs africains, principalement originaires d’Afrique du Sud, et sa capacité à attirer les investisseurs étrangers et africains, principalement d’Afrique, du Nigeria et du Ghana ; et finalement la diaspora africaine établie et prospère, impliquée dans des initiatives et des institutions artistiques et culturelles, comme la Tate.
Pour les opérateurs basés sur le continent africain, l’évolution du secteur est fulgurante. Mais elle n’est pas perçue de la même manière par les intervenants des pays occidentaux, en raison de différences d’attentes et de coûts. Lors des ventes publiques en Afrique, en Europe et aux États-Unis, les records sont devenus monnaie courante et les galeries des trois continents restent dans la même dynamique.
L’un des piliers de l’amélioration de ce segment est la diaspora africaine. Dans ce nouveau rapport, nous avons décidé d’examiner de près sa contribution, son importance et son impact, car elle contribue depuis longtemps à faire de l’art africain le segment le plus important du marché de l’art.