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Introduction: marché de l’Art Africain en 2014

Dans un contexte de demande croissante et de flambée des prix, le marché africain de l’art moderne et contemporain attire de plus en plus l’attention des acheteurs, tant locaux qu’internationaux.

Au-delà de l’élan d’émotion qui existe depuis longtemps pour exposer, soutenir et acheter de l’art africain, le marché montre des signes évidents de structuration. Bien qu’il s’agisse encore d’une niche – le marché international des enchères publiques d’art africain moderne et contemporain était estimé à 31.2m$, en 2014 –, des records sont régulièrement battus. Et les attentes sont élevées. L’œuvre murale en métal Paths to the Okro Farm(2006) d’El Anatsui a été vendue 1,44 millions de dollars américains le 15 mai 2014 chez Sotheby’s New York – le prix le plus élevé jamais payé pour l’œuvre d’un artiste africain vivant. Le secteur de l’art africain est également en plein essor en termes d’infrastructures. Plusieurs musées ont été inaugurés ou annoncés tout au long de l’année 2014, notamment le Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain (MMVI) à Rabat, au Maroc, qui a ouvert ses portes en 2014, le Musée Zeitz d’art contemporain africain qui devrait ouvrir ses portes fin 2016, et le Musée d’art contemporain africain de la Fondation Alliances (MACAAL) qui devrait ouvrir ses portes en 2017 à Marrakech. Par ailleurs, l’activité florissante et continue des centres d’art renommés dynamise le secteur de la scène artistique, comme le Center for Contemporary Art, à Lagos au Nigéria et la Raw Material Company à Dakar, au Sénégal.

Certaines galeries africaines sont devenues des incontournables des foires d’art les plus renommées du monde, parmi lesquelles la galerie Goodman et Stevenson, toutes deux basées à Joburg et au Cap. Parallèlement, les foires d’art à vocation panafricaine exclusive ou dominante sont en plein essor, tant au Royaume-Uni qu’en Afrique du Sud : la the 1:54 Contemporary African Art Fair à Londres, la Cape Town Art Fair et la FNB Joburg Art Fair, qui a enregistré 2,3 millions de dollars de ventes en 2014, soit une hausse de 30% par rapport à l’année dernière.

Les biennales – cet autre événement incontournable qui jouit des faveurs du monde de l’art, se sont développées à travers l’Afrique dès les années 90, avec notamment Dak’art au Sénégal, les Rencontres de Bamako, ou encore la Biennale d’Afrique de l’Est à Dar es Salaam. Le nombre de biennales a doublé au cours des 5 dernières années, pour atteindre le nombre de 15 aujourd’hui. Des collections axées sur l’art moderne et contemporain africain ont vu le jour en quelques années. 

La collection du couple français Gervanne et Matthias Leridon, qui a débuté en 2000 par le biais du fonds de dotationADD (« Artistes africains pour le développement »), compte aujourd’hui environ 3000 œuvres d’art, tandis que le collectionneur Londresien Robert Devereux a constitué une collection de 800 œuvres d’art en quatre ans.

La production d’art africain datant de la fin du XIXe siècle jusqu’à aujourd’hui reste chroniquement sous-évaluée. Même les périodes les plus marquantes restent à des prix bas. Ces cinq dernières années, les résultats des enchères publiques consacrées à l’art moderne et contemporain africain chez Phillips, Bonhams et Christies ont été mitigés. Cependant, en raison de la croissance économique de l’Afrique, de l’augmentation du nombre de millionnaires, et de la maturité du goût pour l’art contemporain, le marché intérieur commence à alimenter la demande.

L’homme d’affaires nigérian, Prince Yemisi Adedoyin Shyllon possède la plus grande collection privée connue à ce jour sur le sol africain, comprenant 7000 œuvres d’art, dont 70% modernes et contemporaines, et 95% d’artistes africains. Une génération de collectionneurs africains qui acquièrent l’art comme allocation d’actifs est en train de se développer.
En conséquence, les maisons de vente aux enchères prospèrent localement, motivées par les résulats des ventes de Bonhams à Londres: en mai 2014 a permis de récolter 1,9 millions de dollars américains, soit une hausse de 47% par rapport à 2013.

Le classement Top 100 de notre étude est dominé par les artistes Sud-Africains – en pole position (40 artistes sur 100, 53% du chiffre d’affaires des enchères du Top 100 en 2014) – et les Nigérians à la deuxième place (12 artistes sur 100, 3% du chiffre d’affaires des enchères du Top 100 en 2014).

Comme partout ailleurs, le développement de la scène artistique repose sur un marché actif et une infrastructure efficace, qui devraient se renforcer sur l’ensemble du continent africain, tandis qu’une saine concurrence s’installe. Des connaissances, et un œil exercé, seront primordiaux pour les futurs collectionneurs.