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hebdomadaire et nos rapports

Marché Art Africain 2014 - Afrique de l'Ouest

Le paysage artistique d’Afrique de l’Ouest est aussi dynamique qu’inégal. Au Nigeria, le marché de l’art est en plein essor, à tel point que la capitale commerciale, Lagos, possède la plus forte densité de galeries au mètre carré du continent après l’Afrique du Sud.
Les galeries d’art commerciales jouent un rôle important dans la diffusion mondiale de l’art contemporain africain. Il s’agit souvent de structures hybrides, comme des centres d’art qui vendent des œuvres d’art ou des galeries associées à des maisons d’édition. Par exemple, Art Twenty One est un espace d’art contemporain fondé en 2013 par la consultante en art nigériane Caline Chagoury, à Lagos. Cet établissement vise à renforcer la scène artistique nigériane en pleine croissance en la positionnant sur la scène artistique internationale. Elle a participé à la FNB Joburg Art Fair et à la nouvelle 1:54 Contemporary African Art Fair à Londres en 2014. Un autre exemple au Nigeria est Omenka, une galerie d’art de premier plan dirigée par Oliver Enwonwu à Lagos. Avec un accent particulier sur l’art nigérian, elle participe à de grandes foires d’art, notamment Art Dubai, FNB Joburg Art Fair, Cape Town Art Fair, Docks Art Fair à Lyon, LOOP à Barcelone et 1:54 à Londres. Elle publie également un célèbre magazine trimestriel, imprimé et numérique, qui vise à positionner l’Afrique sur la scène internationale de la culture visuelle. À Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, la galeriste chevronnée Simone Guirandou-N’Diaye dirige la Galerie Guirandou Arts Pluriels depuis 1981.
En 2012, la galerie Cécile Fakhoury a ouvert ses portes et a stimulé la relance du marché de l’art après les récents conflits politiques et militaires en Côte d’Ivoire. Au Mali, Chab Touré, qui exposait des photographies africaines et internationales à la galerie Chab de Bamako, a ouvert la Maison Carpe Diem (galerie, café et librairie) à Ségou en 2010. Il représente des peintres, sculpteurs et photographes africains et participe à des foires d’art, notamment 1:54 à Londres et Art Dubai.

Lagos a la plus forte densité de galeries au mètre carré du continent après l’Afrique du Sud.

On trouve des fondations privées au Bénin, au Ghana et en Côte d’Ivoire. Créée en 2005 par le collectionneur d’art et homme d’affaires béninois Lionel Zinsou et sa fille Marie-Cécile Zinsou , la Fondation Zinsou joue un rôle important dans la promotion et le rayonnement de l’art contemporain africain au Bénin. Depuis sa création à Cotonou en 2005, elle organise des expositions dans un but d’éducation à l’art, notamment auprès des jeunes générations. En 2013, la fondation a inauguré un musée d’art africain contemporain, le Musée Zinsou, à Ouidah, où elle expose des œuvres d’artistes africains majeurs issues de la collection Zinsou.
Au Ghana, la fondation Nubuke, installée à Accra, fut fondée en 2006 par Tutu Agyare, associé directeur de Nubuke Investments et collectionneur d’art, ainsi que par l’artiste ghanéen Kofi Setordji. Elle collabore avec des institutions locales et internationales, dont l’université du Ghana et la KNUST (Kwame Nkrumah University of Science and Technology), afin de former de jeunes artistes ghanéens et de promouvoir l’art, la culture et le patrimoine ghanéens par le biais d’expositions, d’ateliers, de résidences, d’une bibliothèque, de la poésie et du théâtre. L’homme d’affaires et collectionneur d’art Seth Dei a ouvert le Dei Centre à Accra pour héberger sa collection, qui est conservée par l’Africa House de l’université de New York.
En Côte d’Ivoire, la Fondation Donwahi accueille des expositions internationales organisées par son directeur artistique, Simon Njami. Elle a été fondée en 2008 à Abidjan par Illa Donwahi en l’honneur de son père, feu Charles Bauza Donwahi, homme d’affaires, homme politique et humaniste.
Les centres d’art et les événements artistiques à grande échelle sont essentiels pour la scène artistique de la région, car ils permettent de développer une clientèle pour l’art moderne et contemporain en Afrique. Deux de ces centres d’art sont le Centre for Contemporary Art de Lagos, au Nigeria, fondé en 2007 par la curatrice d’art contemporain Bisi Silva, et la Raw Material Company, fondée en 2011 par la directrice artistique Koyo Kouoh à Dakar, au Sénégal, qui dispose d’un espace d’exposition et d’un centre d’archives sur l’art contemporain.
Les événements artistiques de grande envergure les plus importants comprennent Lagos Photo, le premier festival artistique international du Nigeria, lancé en 2010. Depuis sa création, son directeur artistique est Azu Nwagbogu et son principal sponsor Etisalat (Emirates Telecommunications Corporation). Lagos Photo a été sélectionné par la foire Art Basel et par l’opération de crowdfunding de Kickstarter afin de l’aider à se développer en montant un programme d’expositions et d’ateliers tout au long de l’année 2015. À Bamako, au Mali, les Rencontres de Bamako, qui connaissent un succès grandissant, sont une biennale de photographie africaine qui existe depuis 1994, grâce au soutien financier du ministère de la Culture du Mali, de l’Institut français (dirigé par les ministères français des Affaires étrangères et de la Culture) et de l’Union européenne.
Bisi Silva fut nommé directeur artistique de la 10e édition des Rencontres de Bamako en 2015. La Biennale de Dakar, ou Dak’Art, a été lancée par le gouvernement sénégalais en 1990 et depuis 1996 elle se concentre sur l’art contemporain africain. Elle constitue un tremplin pour les artistes africains et c’est un acteur clé du développement de la scène artistique contemporaine en Afrique.

Les artistes eux-mêmes sont à l’origine d’une multitude d’entreprises.

Les artistes eux-mêmes sont à l’origine d’une multitude d’entreprises. Citons entre autres le Nike Center for Art and Culture fondé par l’artiste textile Nike Davies-Okundaye, présent dans quatre villes du Nigeria (Lagos, Osun, Kogi et Abuja) en 1983 ; l’Espace Tchif lancé par l’artiste Francis Tchiakpe à Cotonou, au Bénin ; le Musée de l’Art de la Vie Active initié par Meschac Gaba à Cotonou, Bénin ; Unik-Lieu de Création Contemporaine à Abomey, Bénin ; et Artistik créé par Kossi Assou à Lomé, Togo.

Bénin

Focus/Interview

Fondation ZinsouCotonou, Benin

La Fondation Zinsou est une fondation privée lancée en 2005 par Marie-Cécile Zinsou, avec son père, le financier franco-béninois Lionel Zinsou, comme principal mécène. M. Zinsou est le président-directeur général de la société de capital-investissement PAI Partners, basée à Paris. Sa fille, qui a passé sa jeunesse en France et au Royaume-Uni, est l’instigatrice et la directrice de la fondation.
Ils ont fondé un centre d’art à Cotonou, la plus grande ville du Bénin, et développé un programme artistique, culturel et pédagogique. Le budget annuel de la fondation varie entre 800 000 et 1m€ d’euros (1,1 à 1,4 million de dollars américains) ; il est financé par des mécènes privés et des entreprises.
Elle dispose d’un personnel d’environ 60 personnes. L’entrée est gratuite et elle cible les écoliers de 9 à 15 ans, en espérant ensuite toucher leurs parents. Depuis 2005, 4,8 millions de personnes ont visité la fondation, dont 80% de moins de 20 ans.

Le budget annuel de la Fondation Zinsou se situe entre 1,1 et 1,4 m$ US. Elle est financée par des sponsors privés et des entreprises. (…) Depuis 2005, 4,8 millions de personnes ont visité la fondation, dont 80 % de moins de 20 ans.

La fondation, pôle important de la scène artistique moderne et contemporaine au Bénin, poursuit différents types de projets. En 2004, la famille Zinsou fit l’acquisition d’un trône ayant appartenu au roi Béhanzin d’Abomey (XVIIIe siècle) lors d’une vente chez Sotheby’s à Paris, pièce unique dans l’histoire du pays. Elle se trouvait dans un pays étranger depuis 1894. En 2007, la fondation a exposé un ensemble de toiles de Jean-Michel Basquiat à Cotonou et a aussi coproduit une exposition sur le royaume d’Abomey au Musée du Quai Branly à Paris ainsi qu’à Cotonou. Elle a également offert une opportunité inégalée aux artistes locaux, notamment Tchif, Romuald Hazoumé, Zinkpè et Aston, d’exposer leurs œuvres.

En novembre 2013, la Fondation Zinsou a ouvert le premier musée d’art contemporain africain à Ouidah, à 42 km de Cotonou.

En novembre 2013, la Fondation Zinsou a ouvert le premier musée d’art contemporain africain à Ouidah, à 42 km de Cotonou. Le Musée Zinsou, qui occupe un bâtiment historique afro-brésilien – La Villa Avajon (construite en 1922) – est ouvert six jours sur sept, en entrée libre. À l’instar du lieu d’art de Cotonou, le musée fonctionne entièrement sur fonds privés et vise à initier les Béninois à l’art contemporain. Il est très apprécié des enseignants, qui peuvent y amener leurs classes grâce à un « bus culturel » spécialement affrété. Ses expositions sont issues de la collection d’art de la fondation, qui compte environ 1000 œuvres. L’exposition inaugurale présentait des œuvres de 14 artistes de 9 pays africains, soit 10% de la collection.
Interview

Marie-Cécile Zinsou, fondatrice, Fondation Zinsou

« Mon père et moi achetons des œuvres d’art, auprès d’artistes, de sociétés d’enchères et de galeries. Je sélectionne les acquisitions en fonction du programme de l’exposition – nous achetons des œuvres qui ont déjà été exposées et d’autres qui font sens pour notre public, d’un point de vue historique et pédagogique. La collection est conçue pour le public, ce qui n’est pas le cas d’une collection personnelle. Nous n’imposons aucune restriction géographique : les artistes viennent d’Éthiopie, du Sénégal, d’Afrique du Sud, etc. Certains sont des étrangers basés en Afrique. Nous avons autant d’artistes très célèbres que de jeunes émergents.
Nous allons continuer à acquérir des œuvres d’art, mais voulons aussi commencer à archiver le présent. Il n’y a pas assez d’écrits sur les artistes d’Afrique d’aujourd’hui. Nous voulons documenter dès maintenant la scène artistique contemporaine, car il sera essentiel de disposer de telles archives dans 30 ans. Le programme s’appelle « Les Archives du Présent ».

« Les nouveaux projets ne proviennent pas des États-nations, mais des particuliers, ce qui est très spécifique au continent africain ». Marie-Cécile Zinsou

Depuis 2005, nous assistons à une explosion de nouvelles initiatives sur la scène artistique africaine. Les nouveaux projets ne proviennent pas des États-nations, mais des populations civiles, ce qui est très spécifique au continent africain. L’ancien modèle du musée colonial est obsolète et les jeunes générations proposent de nouvelles idées, quels que soient les moyens financiers disponibles. Des initiatives comme l’Appartement 22 à Rabat, au Maroc, n’ont pas un budget énorme, mais elles sont très denses intellectuellement parlant ».

Ghana

Vue d’ensemble

par Nii Andrews

Migrations, métissage et hybridation offrent une perspective utile pour aborder l’art contemporain du Ghana. Cet art témoigne d’un complexe vertigineux d’influences, presque toujours produit par des artistes qui, à titre individuel, sont des composites culturels – sans aucune connotation péjorative : c’est une tentative honnête de décrire une réalité concrète authentique. À en juger par leur travail, ces artistes ghanéens contemporains se sont forgé un sentiment d’identité sûr et sans compromis. Ils sont heureux de présenter des mélanges d’influences ghanéennes, africaines et autres, tout en s’engageant dans le monde tel qu’il existe réellement et en essayant d’envisager l’avenir et de s’y projeter résolument.
Les anciennes catégorisations, expressions toutes faites et tiroirs étiquetés sont certainement dépassés et désespérément limités ; nous devons nous en affranchir. Le point de vue à privilégier est celui de l’interconnexion d’une tradition mondiale qui, pour l’instant et dans un avenir prévisible, semble inextricablement imbriquée. C’est certainement la perspective la plus utile pour observer judicieusement les œuvres à l’huile, acryliques, collages, multimédia, sculptures, textiles, photographies, vidéo et tout ce qui constitue l’art contemporain au Ghana. Ce pays est une société polyglotte dynamique issue de plusieurs migrations ; un chaudron fumant d’influences et d’inflexions stimulantes – certaines géniales, d’autres moins, comme il en est de l’art contemporain.
Parmi les artistes les plus en vue, citons le professeur Ablade Glover, le maître du couteau à palette qui crée de l’ordre dans le désordre ; George Hughes, virtuose des techniques mixtes, avec un point de vue qui prend aux tripes ; Max Boadi, artiste prometteur, qui travaille avec une grande sensibilité à l’huile et au fusain ; Marigold Akufo-Addo, dont les toiles interprètent de façon toujours audacieuse les mythes et légendes de l’Afrique, sans oublier Fredrick Oko Matey, sculpteur, qui ne se laisse pas intimider par la colossale tradition sculpturale de l’Afrique.
Parmi les impressionnantes galeries où sont présentées des œuvres d’art contemporain, citons la galerie phare de l’Artists Alliance, la Loom African Art Gallery, le Dei Center et la Nubuke Foundation. Deux importantes collections privées d’art contemporain sont celles de l’industriel Seth Dei et de la styliste accomplie, Damali Kelly. Nous ne pouvons que continuer à espérer qu’une institution publique enregistrera, collectera et mettra bientôt ce patrimoine en valeur.
Focus

Dei Center

Seth Dei, cofondateur de Blue Skies Holdings, est l’un des investisseurs les plus prospères du Ghana. Il détient des participations dans plusieurs entreprises, actives dans les domaines du crédit-bail, de l’assurance, de la fabrication de produits pharmaceutiques, de la transformation et de la commercialisation des fruits. Blue Skies est un leader mondial dans le domaine des fruits fraîchement coupés, générant un chiffre d’affaires annuel de plus de 100m$ et contribuant à hauteur 1% aux exportations totales du Ghana. La célèbre collection privée de peintures ghanéennes que détient M. Dei est la plus riche du pays, comprenant 350 à 400 œuvres d’art. Il a fondé la Fondation Seth et Carleene Dei en partenariat avec l’Africa House de l’université de New York, qui conserve la collection d’art au Dei Center.

Sénégal

Vue d’ensemble

par Malick Ndiaye

Dakar, la capitale sénégalaise, abrite plusieurs institutions culturelles qui se déclinent en trois catégories selon leur date de création. Bien que les exemples choisis soient loin d’être exhaustifs et n’indiquent pas l’homogénéité de ces établissements, cette présentation devrait permettre de mieux comprendre la scène artistique dakaroise.
La première catégorie concerne les établissements publics créés dans les années 1960-1970. Ils constituent un patrimoine historique qui a longtemps servi d’ossature à l’action culturelle. Voici quelles sont ces institutions publiques : l’Ecole Nationale des Arts du Sénégal, le Théâtre National Daniel Sorano, le Musée Dynamique, la Fondation Léopold Sédar Senghor et le Centre Culturel Blaise Senghor. À côté de ces structures hétérogènes, on trouve également le Musée Théodore Monod d’Art Africain (1961), géré par l’Institut Fondamental d’Afrique Noire et un établissement appartenant à l’Université Cheikh Anta Diop.
Le second groupe date des années 1980-1990 et a ouvert la voie à la nouvelle dynamique du XXIe siècle. À ce stade, il est nécessaire de distinguer deux types d’infrastructures. D’une part, les structures publiques telles que la Galerie Nationale d’Art, Dak-Art – la Biennale de Dakar, la Maison de la Culture Douta Seck, et le Village des Arts. Ensuite, citons des établissements privés comme l’Atelier Céramiques Almadies, le Musée Boribana, outre ces trois autres : Arte, Kemboury et Atiss.
La troisième catégorie, qui a redéfini la scène culturelle, a vu le jour dans les années 2000. Elle représente surtout les centres d’art, de création et de recherche : Kër Thiossane, Espace Timtimol, Résidences Vives Voix, Recherche et de Création, Raw Material Company et ArtHouse. Cette catégorie présente trois particularités. Premièrement, elle concerne les structures autofinancées au financement précaire. Les initiatives de de mécénat et parrainage ne sont pas encouragées par la législation (une loi très attendue en faveur du parrainage est toujours en discussion au ministère de la Culture). Quelques rares sociétés sénégalaises sponsorisent effectivement la culture : Eiffage Sénégal, la Fondation Sonatel et la Fondation Sococim, qui soutient le Musée Théodore Monod d’Art Africain. Deuxièmement, ces structures conservent une forme cosmopolite caractéristique. Elles sont riches des origines diverses de ses acteurs. Enfin, elles sont efficaces dans leur démarche de réseautage, ce qui accroît leur visibilité. Cela s’observe dans leurs collaborations avec des institutions sous-régionales et internationales, ou via des participations à des foires satellites de la Biennale de Dakar.
Ces centres d’art ont ouvert pendant la dernière décennie et ont tous des programmes hétérogènes. Ce sont des espaces polyvalents et alternatifs (comprenant des résidences d’artistes, des espaces d’exposition, des espaces de création, de recherche et d’édition, de développement des connaissances, de débats et de diffusion de l’art) et ils interviennent dans des domaines multidisciplinaires (arts visuels, théâtre, design, cinéma, mode, multimédia). Par rapport à l’ampleur des idées de la classe intellectuelle sénégalaise, ces plates-formes conduisent à se démarquer en jouant un rôle dans la création du savoir, ainsi que dans sa diffusion. Leurs activités culturelles sont liées aux réflexions contemporaines, aux pratiques subversives et aux modes d’interprétation progressistes. Ces espaces sont de nouveaux acteurs indépendants, en marge de l’establishment, et participent activement au processus global qui définit les nouvelles frontières de la géopolitique artistique depuis la fin des années 1980.
Interview

Sylvain Sankalé

collectionneur, Sénégal

Il est actuellement conseiller au commerce extérieur auprès de la France et conseiller en diplomatie économique auprès du Royaume de Belgique, basé à Dakar. Sylvain Sankalé est titulaire d’un doctorat en histoire du Droit, économie et sociologie.
« Je suis né au Sénégal, d’un père sénégalais d’origine malienne, française et anglaise, et d’une mère antillaise, dont les racines familiales remontent à la Martinique, à Trinité-et-Tobago, à Sainte-Lucie et en Écosse. Plusieurs de leurs amis étaient des artistes, en particulier Iba N’Diaye. J’ai appris très tôt qu’il valait mieux posséder une œuvre mineure originale d’un artiste inconnu que la copie d’une grande œuvre d’un artiste célèbre ! Mon père m’a offert mon premier dessin, à la craie rouge, quand j’avais 11 ans. Je l’ai toujours. Quand j’avais 20 ans, mon amie d’enfance, la journaliste Marie-Jeanne Serbin-Thomas, est venue de Paris pour faire sa thèse de doctorat sur la peinture sénégalaise à Dakar. J’ai visité des ateliers d’artistes avec elle et j’ai commencé à apprécier leur travail. J’ai organisé ma première exposition d’art contemporain sénégalais à l’âge de 21 ans.
Ma collection d’art s’est toujours développée dans deux directions : l’art traditionnel et l’art contemporain. Les deux sont tout aussi importants pour moi. Les 500 œuvres d’art qui constituent ma collection à ce jour proviennent principalement du Sénégal, avec quelques-unes issues d’Afrique de l’Ouest, au gré des rencontres, des opportunités et de mes possibilités.
Pour moi, il est presque obligatoire de rencontrer les artistes dont je collectionne les œuvres. Je pense avoir rencontré tous les artistes présents dans ma collection. Il m’est arrivé d’acheter une œuvre avant de connaître l’artiste, mais nous nous sommes toujours rencontrés ensuite.
« A l’avenir, j’aimerais créer une fondation avec d’autres collectionneurs. Nous en parlons déjà. » Sylvain Sankalé
Bien que je n’aie pas une politique systématique de mise à disposition de ma collection au grand public, je prête souvent des œuvres pour des expositions et suis toujours heureux d’inviter les gens à voir ma collection. A l’avenir, j’aimerais créer une fondation avec d’autres collectionneurs. Nous en parlons déjà ».
Interview

Bassam Chaitou
collectionneur, Sénégal

Né à Dakar, au Sénégal, Bassam Chaitou partage son temps entre l’Afrique de l’Ouest, l’Europe et le Moyen-Orient. Il a étudié en France, où il a commencé sa carrière dans le conseil et la finance, puis est retourné en Afrique à l’âge de 31 ans pour devenir entrepreneur. Il a récemment créé sa propre société de conseil stratégique.
« Je suis fasciné par l’universalisme des valeurs humaines et le rapprochement des civilisations à travers les arts, le développement économique, l’esprit d’entreprise et le leadership. Basé en Afrique de l’Ouest, je voyage beaucoup à travers les trois continents d’Europe, d’Afrique et d’Asie.
J’ai commencé à collectionner il y a 15 ans, en 1999. Les œuvres d’art les plus anciennes de ma collection datent de 1960. Tout a commencé après mon retour en Afrique. Je suis tombé sur un article dans le quotidien Le Soleil intitulé ‘Chérif Thiam, un peintre de l’école de Dakar : The Keen Eye’, de Joanna Grabski, alors doctorante américaine de l’Illinois qui préparait sa thèse sur l’école de Poto Poto au Congo et l’école de Dakar. Intrigué, j’ai décidé de visiter la première exposition du Centre de Recherche de l’Afrique de l’Ouest et découvert le travail d’artistes sénégalais majeurs et tout un mouvement artistique financé dans les années 1960 par Pierre Lods. C’est à cette occasion que j’ai acquis ma première œuvre, Le baobab de Gouye Biram Coumba, une huile représentant des mythes et croyances africains essentiels aux idées de Léopold Sédar Senghor et d’Aimé Césaire sur la négritude. Cette peinture fait toujours partie de ma collection. Et c’est la première pierre sur laquelle j’ai construit toute ma collection. Ce fut également le début de mon amitié avec Joanna Grabski, qui est devenue l’une des meilleures spécialistes de l’art contemporain africain.
Ma collection se concentre sur un seul pays : le Sénégal. Elle comprend 325 œuvres d’une cinquantaine d’artistes. Si mon intention initiale était d’ouvrir la sélection à des artistes d’autres pays africains, je me suis rapidement donné pour mission de reconstituer la riche histoire culturelle du Sénégal. La collection se situe à la croisée de l’art, de l’histoire et de la sociologie. J’ai délibérément opté pour une lecture verticale de l’histoire de l’art d’un pays plutôt que pour une lecture horizontale qui en englobe plusieurs. Au-delà de la simple composante esthétique, la collection vise à donner une compréhension historique, critique et documentée des grandes évolutions artistiques au Sénégal, des années 1960 à nos jours.
La collection est de plus en plus sélective afin de ne retenir que les pièces majeures. Elle comprend des noms primés – Iba Ndiaye, Soly Cissé, Ousmane Sow, Seyni Awa Camara, Mor Faye, Viyé Diba, Moustapha Dimé, Ndouts, Fodé Camara – mais aussi des artistes moins connus, par exemple le sculpteur Djibril André Diop, qui deviendra une valeur sûre sur le marché.
La valeur totale de la collection est supérieure à la juxtaposition des valeurs individuelles de chaque œuvre d’art, en raison de la composante collective et historique – difficile à évaluer. La collection comprend des œuvres majeures comme Tabaski – La Ronde à Qui le Tour ? (1970) d’Iba Ndiaye, considérée comme l’une des plus importantes œuvres d’art moderne africain, et qui est exposée dans le monde entier depuis des décennies.
Elle comprend également des œuvres rares mais moins médiatisées, par exemple un dessin à l’encre de Chine des années 1960 d’Ibou Diouf (dont l’œuvre a été présentée au Festival des Arts Nègres en 1966) et une cinquantaine de dessins d’Alpha Walid Diallo (artiste sénégalais de la première génération de l’École de Dakar) qui représentent des scènes de batailles historiques et les grands guerriers de l’Afrique occidentale précoloniale. Cette série de dessins documente en fait trois siècles d’histoire nationale.
Je continue à acquérir de nouvelles œuvres d’art. Aujourd’hui, je m’intéresse à la photographie sénégalaise afin d’équilibrer les techniques représentées dans la collection.
Lorsque j’étais en Europe, je visitais toujours des musées : Orsay, le musée Marmottan, le Centre Pompidou, la Tate Modern et le Guggenheim Bilbao, ainsi que les galeries de la rue de Seine à Paris. Mes goûts étaient éclectiques, allant de l’impressionnisme à l’expressionnisme abstrait. Je me suis intéressé également à l’expositions d’art traditionnel africain au Musée Dapper à Paris.
En 2007, une sélection de 130 œuvres de ma collection a été présentée au Musée des arts africains de l’IFAN à Dakar. L’exposition était accompagnée d’un catalogue de 200 pages, « Trajectoires – 40 ans d’art contemporain sénégalais », disponible dans les universités et bibliothèques muséales du monde entier. Des œuvres de ma collection ont été présentées dans des expositions telles que « L’art sénégalais d’aujourd’hui » au Grand Palais à Paris en 1974, « Short Century – Independence and Liberation Movements in Africa » organisée par Okwui Enwezor au MoMA PS1 à New York en 2001, et l’exposition itinérante « Africa Remix » de 2004 à 2007. Une autre exposition visant à présenter le développement de la collection depuis 2007 est en cours de planification.
J’essaie d’agir comme un pionnier ou un chercheur. Je ne hante pas les galeries et les foires d’art parce que je cherche des produits qui n’y ont pas encore été exposés. J’aime découvrir les artistes avant tout le monde. Je rencontre donc toujours les artistes dans leur atelier ou à leur domicile. Cependant, je n’ai jamais influencé l’artiste en lui commandant des pièces».

Nigéria

Focus

Maisons d’enchères

Depuis qu’en 1999 le Nimbus Art Center a organisé la première vente aux enchères d’art contemporain au Nigeria, qui a rapporté 22 millions de nairas (230’000 dollar américain), le marché local de l’art contemporain nigérian est en plein essor.
En 2013, le marché secondaire de l’art nigérian valait 250m Nairas (environ 1,5m$ US). Art House Contemporary Limited organise deux enchères publiques par an, en mai et en novembre, depuis 2008 et la société d’enchères TKMG, issue de la fusion de Terra Kulture et Mydrim, organise également une vente aux enchères annuelle, qui en est à sa septième édition.
Art House Contemporary Limited a été fondée en 2007 par Kavita Chellaram, avec l’objectif d’offrir une plus grande transparence des prix et une plus grande exposition au marché de l’art nigérian et ouest-africain. Les ventes sont fortes et régulières depuis le début. La première enchère publique en 2008 a produit une vente record de 9,2 millions de nairas (77 100 dollars) pour Bruce Onobrakpeya. Plus récemment, la vente aux enchères de novembre 2014 a réalisé une vente totale de 600 000 US$ (frais inclus). 81 des 115 lots ont trouvé acquéreur (70%). Elle présentait des œuvres d’art datées de 1955 à 2014, notamment des pièces d’El Anatsui, Ben Enwonwu, Yusuf Grillo et Bruce Onobrakpeya.

La vente aux enchères d’Art House de Novembre 2014 a réalisé une vente totale de 600 000 dollars américains (frais inclus). 81 des 115 lots ont trouvé acquéreur (70%)

Kavita Chellaram est également galeriste – elle a ouvert un pop-up space en septembre 2014, où elle a déjà organisé des expositions de Kainebi Osahenye et Yusuf Grillo. Elle prévoit d’ouvrir une fondation à Lagos qui accueillera des résidences d’artistes.
Interview

Bisi Silva,
Curatrice, CCA Lagos, Nigéria

Bisi Silva est curatrice indépendante ainsi que directrice et fondatrice du Centre for Contemporary Art, Lagos.
« Le Centre for Contemporary Art, Lagos (CCA, Lagos) est une institution artistique indépendante, à but non lucratif, fondée en 2007. C’est l’une des plus importantes institutions artistiques d’Afrique. Elle a été créée pour fournir une plate-forme promouvant le développement, la présentation et la vie culturelle autour de l’art contemporain au niveau local et international. En plus de promouvoir des médias tels que la photographie, l’animation, le film et la vidéo, ainsi que l’art de la performance, le CCA, Lagos encourage et soutient la professionnalisation de l’art et des expositions au Nigeria et en Afrique de l’Ouest, ainsi que le développement professionnel des conservateurs émergents, des écrivains et des chercheurs.
Nous ne sommes pas un musée mais plutôt un lieu artistique alternatif, offrant un espace d’exposition et une grande bibliothèque. Chaque exposition et programme présente le travail de différents artistes. Au cours des sept dernières années, nous avons exposé les œuvres d’artistes tels que Ghariokwu Lemi, Ndidi Dike, Lucy Azubuike, Kelani Abass, Jide Alakija, Odun Orimolade et bien d’autres, dont la plupart présents sur notre site web.
Le CCA, Lagos expose des œuvres d’art contemporain provenant de partout dans le monde. Cependant, nous présentons principalement des artistes nigérians ainsi que des artistes de toute l’Afrique et de la diaspora africaine. En collaboration avec d’autres institutions et curateurs, nous avons présenté des artistes du monde entier.
Nous avons un programme public très dynamique et innovant qui offre une plateforme interactive pour discussions, débats et tables rondes impliquant artistes, conservateurs, historiens de l’art, écrivains, entre autres. Toutes nos expositions impliquent la participation des artistes présentés – qui donnent des conférences et animent parfois des ateliers.
En visant le public le plus large possible, nous souhaitons encourager une grande diversité de personnes à s’engager dans nos programmes et à s’intéresser à certains des thèmes que nous présentons. Notre public est majoritairement composé d’étudiants de l’université de Lagos et de l’école d’art du Yaba College of Technology, situées à proximité, ainsi que d’artistes et d’autres amateurs d’art. Nous ne ciblons pas les écoles en particulier, en raison de nos ressources humaines limitées, mais certains enseignant nous rendent régulièrement visite avec leurs étudiants.
Le CCA, Lagos souhaite aller au-delà du statut de galerie commerciale proposant des œuvres à la vente. Il se positionne comme une institution critique et socialement engagée, qui explore, à travers l’art et la culture, certains des thèmes importants dans notre société et dans le monde en général.
Au départ, notre programme a suscité une certaine défiance, notamment parce qu’il présentait des formes d’art échappant aux conventions de la peinture et de la sculpture. Dès le début, nous avons tenu à élargir les paramètres de ce que pourrait être la pratique artistique contemporaine au Nigeria pour inclure la photographie, l’art vidéo, l’installation, la performance, l’art sonore, etc. Ces formes d’art font désormais partie intégrante de la scène artistique.

« Nous avons considérablement progressé, avec de nouvelles initiatives qui voient le jour régulièrement et le rythme s’accélère grâce à quelques individus qui construisent les musées dont nous avons tant besoin pour professionnaliser et donner plus de visibilité à ce domaine ». Bisi Silva

Dans nombre de pays africains, l’industrie culturelle est confrontée au problème du manque d’intérêt et d’investissement de la part du gouvernement. Presque toutes les activités se déroulent sans subventions étatiques. Infrastructures et financements proviennent de l’étranger, principalement d’Europe et d’Amérique. Le mécénat d’entreprise est également négligeable. Si cette situation perdure, l’Afrique risque de ne pas jouir d’une croissance réelle et durable à long terme. Nous avons considérablement progressé néanmoins : de nouvelles initiatives voient régulièrement le jour et le rythme s’accélère grâce à quelques individus qui construisent les musées dont nous avons tant besoin pour professionnaliser et donner plus de visibilité à ce domaine ».
Interview

Prince Yemisi Adedoyin Shyllon, collectionneur, Nigéria

Prince Yemisi Adedoyin Shyllon est le fondateur de l’Omooba Yemisi Adedoyin Shyllon Art Foundation (OYASAF), qui constitue la plus grande collection privée d’art au Nigeria.
« Ma collection comprend 7 000 peintures et sculptures, allant des antiquités à l’art traditionnel, néo-traditionnel, moderne et contemporain. En 2011, nous avons lancé un programme visant à documenter par la photo les festivals culturels et autres scènes artistiques qui disparaissent rapidement au Nigeria et en Afrique de l’Ouest. Nous prêtons régulièrement des œuvres d’art aux musées et aux universités du Nigeria et du monde entier. Chaque année depuis 2009, notre bourse d’études supérieures offre la possibilité à des universitaires internationaux de passer un mois à Lagos pour étudier et faire des recherches sur l’art visuel et la culture nigériane (15 universitaires invités à ce jour, originaires des États-Unis, d’Autriche, de Suisse et d’Afrique du Sud). Nous parrainons également des concours itinérants et des ateliers, dont l’atelier Unilag/ Oyasaf organisé par l’artiste et maître de conférences Akin Onipede au sein du département des arts créatifs de l’université de Lagos. Cet atelier vise à fournir aux artistes participants des compétences entrepreneuriales. Pour la première édition, en 2014, l’atelier s’est concentré sur la céramique, les travaux de perles et de fil de fer, la photographie, le dessin et les formes d’art expérimentales, avec pour mentors des artistes comme Ato Arinze, Ojetunde Oluseyi, Ayodeji Adewunmi, Boye Ola, Ariyo Ogun-timehin, Temilola Marindotin, Ade-damola Runsewe et Sola Ogun-fuwa.
J’ai commencé à collectionner en 1975, lorsque j’étais étudiant en ingénierie à l’université d’Ibadan, dans l’ouest du Nigeria, et je n’ai jamais cessé depuis. J’ai toujours continué. À la fondation, nous avons sous le même toit toutes sortes d’art – de la statuaire traditionnelle à la photographie contemporaine. L’art moderne et contemporain représente environ 70% de ma collection, le reste étant de l’art traditionnel. Je possède des œuvres provenant d’Angleterre, de Haïti, de Russie, d’Afrique du Sud et d’Espagne – dont Salvador Dalí – mais l’art non-africain ne représente que 5% de ma collection. Avec ma fondation, j’ai décidé d’exposer et de promouvoir l’art nigérian au Nigeria. À mon avis, si l’on veut voir les œuvres de Salvador Dalí, on va en Espagne. Lorsqu’on vient au Nigeria, on doit avoir accès à l’art nigérian.

« Chaque année depuis 2009, notre Graduate Fellowship offre la possibilité à des universitaires internationaux de passer un mois à Lagos pour étudier et faire des recherches sur l’art visuel et la culture nigériane ».
Prince Yemisi Adedoyin Shyllon

Nous prêtons des œuvres d’art à des galeries au Nigeria et à des musées à l’étranger, chaque fois que la demande d’art nigérian se fait sentir (récemment, une œuvre d’El Anatsui au Museum for African Art de New York). En 2013, nous avons fait don de 18 sculptures monumentales au Freedom Park de Lagos.
Je connais la majorité des artistes qui comptent au Nigeria. La plupart de mes sculptures contemporaines sont des commandes. J’ai un jardin de sculptures avec une centaine de pièces. Je me tiens aux côtés des artistes et je fais partie des principales organisations d’artistes au Nigeria ».

Côte d’Ivoire

Focus

Galeries d’art à Abidjan

Après une dizaine d’années difficiles, les galeries d’art ivoiriennes redécollent. Quelques galeries sont à la tête de la scène artistique, notamment la Galerie Arts Pluriels, la Galerie Cécile Fakhoury, La Rotonde des Arts Contemporains, la Galerie Amani et la Galerie Le Basquiat (dirigée par l’artiste Jacob Bleu).
L’historienne de l’art Simone Guirandou-N’Diaye est l’une des pionnières de la scène artistique d’Abidjan. En 1985, elle lança la Galerie Arts Pluriels, premier programme de résidence artistique de ce type. La galerie accueille des expositions d’artistes internationaux dans plusieurs domaines : art, artisanat, sculpture, peinture et design. « La motivation de mes activités artistiques au cours des 30 dernières années c’est ma conviction que les artistes africains – et les artistes ivoiriens en particulier – sont dignes de concourir au niveau international. J’ai créé la Galerie Arts Pluriels pour donner aux artistes ivoiriens l’opportunité d’exprimer leur vision de l’évolution de la société et du monde dans lequel ils vivent. Elle contribue à les aider à émerger et à mieux se faire connaître ». En 2015, Mme Guirandou-N’Diaye ouvrira une deuxième galerie à Cocody Mermoz.
En 2012, Cécile Fakhoury, belle-fille de l’architecte ivoiro-libanais Pierre Fakhoury, ouvrit sa galerie dans un espace de 600 mètres carrés. Elle expose principalement des artistes africains, notamment Aboudia de Côte d’Ivoire et Cheikh Ndiaye du Sénégal. La galerie présente des œuvres d’artistes internationaux et africains d’avant-garde et participe à des foires d’art à l’étranger.
La Rotonde des Arts Contemporains est à mi-chemin entre un centre d’art et une galerie commerciale, dirigée par le critique d’art et commissaire d’exposition Yacouba Konaté. Depuis 2008, elle est soutenue par la Fondation Nour Al Hayat (Nour Al Hayat est une chaîne de supermarchés en Côte d’Ivoire, appartenant au groupe Prosuma).

Sokari Douglas Camp, Green Leaf Barrel, 2014.Photo : Sylvain Deleu